Dysfonctionnement de l’être – Gaylord Kemp

chronique-litteraire

Passer du statut de blogueur, amateur de littérature, à écrivain n’est pas un processus naturel, malgré ce que certains pourraient croire. Gaylord Kemp a tenu pendant des années un blog qui parlait de littérature noire. Le voilà aujourd’hui auteur. Dysfonctionnement de l’être est un recueil de nouvelles qui plonge dans ses racines noires.

Le mal au quotidien

Six courtes nouvelles (sauf la dernière) qui mettent en lumière cette part sombre qui fait partie de ses goûts littéraires depuis de nombreuses années, de Stephen King à Edgar Allan Poe.

Sauf qu’ici, rien de fantastique dans ses histoires. Elles parlent du mal, celui qui est présent au quotidien, celui qui fait intrinsèquement partie de l’humanité. Quand les bas instincts font perdre ce que des siècles de sociabilité ont tenté d’effacer mais n’ont fait que cacher sous le tapis. Quand l’homme moderne tombe en panne, dysfonctionne.

Chaque récit prend sa source et son inspiration d’une chanson de rock français, une manière intéressante de concilier les deux grandes passions de l’auteur.

Le recueil est resserré, 125 pages, comme les premiers chapitres d’une histoire à venir. Parce que si ces nouvelles noires ne brillent pas particulièrement par leur originalité, elle éclairent un talent brut prometteur.

Différentes écritures

L’écriture est fluide et colle bien aux histoires racontées. Il serait plus juste de parler des écritures d’ailleurs, tant Gaylord Kemp a su modeler sa plume pour coller au mieux aux différentes ambiances qu’il souhaitait créer. Ambiance tantôt moderne et alerte (comme cette première histoire écrite à la première personne), tantôt plus intemporelle, parfois même volontairement old school.

C’est ce que j’ai apprécié dans ce recueil. Cette volonté de créer des climats différents, en 10 ou 20 pages. Écrire des nouvelles est un exercice particulier, loin d’être le plus facile à réaliser. Il faut savoir accrocher le lecteur en quelques mots, peu de phrases, et créer une atmosphère dès la première page.

C’est plutôt réussi ici et ça augure d’un avenir, certes incertain, mais diablement prometteur si Gaylord Kemp arrive à trouver la bonne dose d’originalité. Et ça tombe bien puisqu’il a décidé, dès ses premiers pas d’écrivain, de ne pas s’enfermer dans un style (il touche déjà au roman jeunesse). Il fait ses gammes et la musique sonne déjà agréablement juste, bien loin d’être un simple bruit dans les oreilles.

Lien vers l’interview de Gaylord Kemp au sujet de ce recueil de nouvelles

Sortie : 04 février 2017

Éditeur : Les indés

Genre : Nouvelles noires

Ce que j’ai particulièrement aimé :

Les ambiances et les différentes modulations dans l’écriture

4° de couverture

Le mal sommeille en chacun de nous comme un fauve endormi qu’un tout petit rien pourrait réveiller, pour le pire. C’est cet éveil, ce jaillissement de sauvagerie, cette explosion de folie, ce moment de non-retour, que les six histoires du recueil mettent en scène. Sous vos yeux, des hommes et des femmes ordinaires vont perdre le contrôle et céder à leurs instincts primaires. L’alcool, la drogue, la maladie et même l’amour apparaissent alors comme autant de facteurs aggravants de leurs désordres internes.

Chaque récit fait référence à une chanson de la scène rock française et en porte le titre. Tout à la fois la fois désespérée, acide, cynique et tendre, voici donc la bande-son de vos idées noires. Prenez garde, le Dysfonctionnement de l’être vous guette peut-être, vous aussi, à votre insu.



Catégories :Littérature

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30 réponses

  1. Que ça me laisse rêveuse. .. ☺
    Je lui souhaite la réussite qu’il mérite 😊

  2. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Bravo à lui, et on encourage Nath à franchir le pas 😉

  3. Stef Eleane – Ouverture d'âme et de cœur sur mes lectures

    Un exercice pas évident du tout, les nouvelles …Et le public français n’est pas (ou plus) vraiment adepte de ce style .

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Il faut un début à tout, il faut éduquer le public français alors 😉

      • Stef Eleane – Ouverture d'âme et de cœur sur mes lectures

        Il faut surtout que la nouvelle ne meurt pas car c’était très prisée au 18 et 19 e siècle si mes souvenirs sont bon ! Donc il faut réhabitué le public français. 🙂 C’est bien que certains auteurs continuent à faire des recueils .

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          Moi j’aime cet exercice, c’est très différent d’un roman et assez compliqué à réussir

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          moi j’aime beaucoup ça. J’adore les romans long, mais je suis amateur des bonnes histoires courtes

  4. dealerdelignes – passionnée de lecture et de cinéma ,trés envie de partager mes deux addictions avec vous ;-)

    Ou qui adore les Nouvelles c’est mon côté américaine je serais très curieuse de découvrir celle de Gaylord 😉

  5. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    Un exercice difficile parait-il la nouvelle ! Les lecteurs dans nos bibliothèques en sont pu friands. Du coup je ne me suis pas penché sur ce recueil. Mais la chronique que tu en fais me donne bien envie m^me si je sais que je n’aurai pas le temps ! :/

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Oui c’est un exercice qui est malheureusement boudé en France…

      • Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

        Oui, je confirme, peu de lecteur, moi la première mais je commence à y prendre goût.

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          Oui, faut s’y habituer en fait. Moi je le suis depuis tout jeune grâce à Stephen King

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