Interview – 1 livre en 5 questions : Le bal des ardentes – Ghislain Gilberti

1 livre en 5 questions

1 livre et 5 questions à son auteur, pour lui permettre de présenter son œuvre. 5 réponses pour vous donner envie de vous y plonger.

Ghislain Gilberti

Titre : Le bal des ardentes

Sortie : 21 mai 2015

Éditeur : Anne Carrière

Note : 4/5

Ma chronique du roman

Avec ce troisième roman aux éditions Anne Carrière, c’est au tour de Ange-Marie Barthélemy d’être mis sur le devant de la scène…

En effet… Si le premier roman – Le Festin du Serpent (Editions Anne Carrière avril 2013 et Pocket mai 2015) – mettait en scène deux personnages principaux et leurs équipes respectives, j’ai utilisé la première pour Le Baptême des Ténèbres (octobre 2014) et Ange-Marie, le second, pour ce dernier roman (mai 2015). La composition de son groupe particulièrement soudé de flics de l’antiterrorisme et des instances qui tournent autour donne un angle très différent au livre.

Je fais découvrir à mon lectorat des spécialistes de la police judiciaire peu voire pas connues, comme le groupe d’intervention post-explosion, l’UCLAT et plus largement la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur : fusion de la DST et des Renseignements Généraux qui équivaut à un FBI à la française).

De plus, c’était pour moi l’occasion de creuser ces personnages qui étaient légèrement au second plan dans Le Festin du Serpent et dont les lecteurs s’étaient entichés. Ange-Marie, accompagné et soutenu par son équipe qui fonctionne comme une meute, a retenu l’attention de nombreux lecteurs du Festin du Serpent. Certains lecteurs m’ont demandé si ils pourraient les retrouver dans un autre roman. C’est à présent chose faite.

Tu as encore réalisé un travail de recherche hors norme pour tout ce qui concerne l’enquête antiterroriste, mais aussi sur les compétences de ton poseur de bombes qui a toutes les caractéristiques d’un tueur en série…

C’est vrai qu’une fois encore, j’ai poussé sur le réalisme. Mais ce n’est pas du masochisme… J’aime que ça sonne juste. Pour les explosifs, j’aurais encore pu creuser techniquement, mais je me suis dit que ça pourrait vite devenir indigeste. Malgré tout, j’ai donné le maximum pour que le lecteur puisse comprendre le pourquoi des dégâts de certains explosifs comme le Semtex utilisé dans l’explosion d’introduction.

En ce qui concerne la psychologie du personnage, je me suis appuyé sur des cas réels. Bien souvent, la majorité des gens oublient que la plupart des psychopathes se trouvent dans le crime organisé, et non comme on pourrait le croire dans les affaires de crimes sériels. Plus est, les premiers sont bien plus dangereux et déterminés que les tueurs en série qui sont, pour la plupart, des personnes lâches qui s’en prennent aux plus faibles avec l’effet de surprise. De plus, j’avais déjà exploité ce sujet dans Le Baptême des Ténèbres avec un tueur de jeunes femmes particulièrement virulent.

En bref, pour ce qui est de coller à la réalité, je reste sur les schémas des deux premiers, et surtout du Festin du Serpent. Une documentation sérieuse à laquelle s’ajoute mon expérience personnelle d’une époque passée au sein du crime organisé (voir Carte blanche à Ghislain Gilberti sur ce blog) et depuis longtemps révolue. Mais le Mal est enraciné profondément en moi, les racines sont toujours là, indélogeables et profondément enfouies dans les replis de mon âme.

Je profite de cette question pour citer Stéphane Bourgoin, spécialiste mondial des tueurs en série et auteur du livre culte « Serial Killers », qui a lu mes trois livres. J’ai été enchanté de lire son avis sur mes antagonistes :

« Plus cannibales qu’Hannibal, plus tordus que Psychose, plus cruels que Massacre à la Tronçonneuse, les tueurs qui hantent les romans de Ghislain GILBERTI sont hurlants de réalisme. »

Je dois avouer que cela m’a fait énormément plaisir, surtout de la part d’un érudit en la matière qu’est Stéphane Bourgoin.

Il faut dire, voire avouer, que je suis largement inspiré de ses travaux pour établir les profils des anti-héros dans mes récits de fiction ; encore un moyen de toucher au réalisme à tout prix. Le résultat semble être là si j’en crois l’auteur et journaliste Bob Garcia qui s’est exprimé sur le plateau de l’émission d’Arditti dans une critique élogieuse dont une phrase bien précise me revient en mémoire : « C’est incroyable : On dirait que Ghislain Gilberti est un spécialiste de tout… »

Ton thriller prend parfois la tournure d’une véritable guérilla urbaine particulièrement réaliste…

Surtout vers la fin, oui. Je me suis inspiré de ce que j’ai eu l’occasion de voir par le passé dans les cités et j’ai imaginé le pire scénario possible. Il existe vraiment des endroits en France (en Région parisienne mais pas seulement) des zones de non-droit au sein desquelles la police n’entreprend rien sans un lourd appui tactique. La fameuse « Tour Rouge » existait bel et bien au moment de l’action, en 2010 (démolie en 2013), j’ai simplement alourdi le climat et fait en sorte de distordre le biotope original.

En revanche, si j’ai un peu assombri le tableau, la réalité peut parfois dépasser la fiction. Aujourd’hui encore, je connais des quartiers et des clans qui sont prêts à en découdre avec les forces de l’ordre en cas de danger pour leur business. Tout comme dans mon premier livre, Le Festin du Serpent, dans lequel le prologue décrit presque exactement les faits qui se sont déroulés en début d’année dans les bureaux de Charlie Hebdo (janvier 2015), j’ai l’intime conviction que certaines scènes qui peuvent avoir l’air surréaliste pourraient bien se dérouler véritablement un jour sur le territoire français.

Je n’ai pas le don de voyance, mais il est vrai que pas mal de lecteurs soulignent la similarité entre l’introduction de mon premier roman et la triste attaque de cet hebdomadaire. Je crois que j’ai le don de flairer les situations tragiques du genre, et j’ai parfois l’impression que la mort coule entre mes lignes.

Tu sembles avoir voulu imprimer un rythme particulier à ce roman, différent des deux précédents récits…

Un nouveau roman, surtout lorsqu’on débute, se doit de différer des autres de manière radicale. Ainsi, si Le Festin du Serpent était construit sur les bases d’un vrai thriller, avec deux enquêtes séparées qui finissaient par se rejoindre et aller vers un final inattendu, le suivant – Le Baptême des Ténèbres – était davantage un roman noir et psychologique ou le suspens a laissé la place à l’ambiance et au climat déclinant.

Ce troisième, Le Bal des Ardentes, se situe plus dans la tradition du polar, avec pour constante dans cette trilogie (dont les volumes peuvent se lire séparément et de manière anti-chronologique) cet éloignement de l’empathie en écriture pour gagner en réalisme et en violence sous-jacente. Tous mes personnages étant construits sur les bases de personnes réelles (distordues, modifiées mais reconnaissable pour les personnes concernées), le réalisme coule alors de source.

Le rythme est donné par mes « clones littéraires » de personnalités réelles. Je les laisse parfois agir par eux-mêmes quand, par moment, le récit m’échappe. Certains passages n’ont clairement pas été prémédités et se sont imposés à l’écriture.

Il est étrange de constater à quel point un auteur peut vivre avec ses personnages, au point que ces derniers finissent par en devenir invasif et parviennent à jouer les électrons libres durant de longues parties du texte.

Justement : comment as-tu travaillé la construction de ton histoire ? Tu avais un plan clairement détaillé des différentes étapes de ce récit explosif ?

Oui, j’avais un plan précis de toute l’ossature du roman. Si mes personnages sont parfois libres, ils demeurent tout de même au service du squelette littéraire que j’ai préparé à l’avance.

Avant de débuter, je commence toujours par lister les faits, les actions de mes antagonistes principaux sur des années. Il y a vraiment tout une partie au démarrage qui doit rester immuable et strictement vérifié et revérifié. Dans Le Bal des Ardentes, les actes de violence perpétrés par Il Diavolo ont été minutieusement consignés et arrangés en fonction des différents conflits ayant eu lieu dans le monde au cours de ses années d’activité. C’est un travail de fourmi qui doit se faire avant la rédaction pour faire en sorte que le cadre soit fermement mis en place. Et c’est grâce à cette manière de travailler que je peux laisser mes personnages m’échapper de temps à autre dans le récit.

A titre d’exemple, la scène de la « Black Op » n’était pas du tout prévue. J’avais pensé à une autre manière pour les policiers de la SDAT de parvenir à leurs objectifs sans dépasser la ligne jaune. Mais Ange-Marie Barthélémy, dans une situation psychologique particulièrement difficile à gérer, a décidé de prendre un chemin que je n’avais même pas considéré comme une option possible. Résultat : mes premiers retours de lectures laissent entendre que cette partie de l’histoire leur a particulièrement plu.

En plus de la Mort qui coule entre mes lignes, le Chaos sillonne le texte en permanence, accompagné par les Ténèbres pour clore cette sinistre trinité qui hante mes romans, dans ce style roman noir-thriller-polar-psychologique qui m’est propre.

Pour clore cette entrevue avec toi, je vais annoncer que les personnages d’Ange-Marie Barthélemy et de Cécile Sanchez vont sans doute revenir dans d’autres romans, même si j’ai en projet de proposer à différentes maisons d’Edition quelque-chose de complètement différent avant leur retour. En effet, j’ai besoin de m’exprimer dans d’autres styles et/ou types de textes avant de les remettre sur les rails. Mais ils reviendront, à n’en pas douter, car les lecteurs de mes trois livres savent bien qu’il reste une affaire à régler, et pas des moindres.

Dans l’attente de mes prochaines parutions, mon premier roman, Dynamique du Chaos, est toujours disponible sur le net en téléchargement gratuit et sécurisé. Note : ce dernier ouvrage est à déconseiller aux personnes sensibles.

                                  

Ghislain Gilberti en dédicace en Alsace en 2014 



Catégories :Interviews littéraires

Tags:, , , ,

20 réponses

  1. Smadj – Plus que des quatrièmes de couverture, plus que des résumés de films, c'est de la passion et de l'émotion que vous découvrirez ici.

    Elle est mega passionnante cette interview. J’ai acheté il y a peu le festin du serpent et je crève d’envie de me jeter dessus. Ce garçon est fabuleux. J’ai adoré le lire 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      ouiil faut vraiment te jeter dessus, étonnant bouquin, étonnant auteur

  2. Très intéressante interview, le premier tome m’a tellement plu que je compte bien lire les deux autres….Surtout s’il colle au réel, que c’est travaillé avec autant de minutie et qu’on est sur de lire du bon suspense!!!!;) Signé: une lectrice convaincue…..;)

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      tu seras encore plus convaincue après l’avoir lu -)

  3. belette2911 – Grande amatrice de Conan Doyle et de son "consultant detective", Sherlock Holmes... Dévoreuse de bouquins, aussi ! Cannibal Lecteur... dévorant des tonnes de livres sans jamais être rassasiée, voilà ce que je suis.

    Super ! Mais je ne l’ai pas encore lu… pour après, je ne raterai pas ce rendez-vous !

  4. Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

    E ben, c’est archi passionnant ceci, encore une fois j’ai l’impression que Ghislain nous a pondu un truc de malade.
    Merci messieurs c’est extra cet entretien 🙂

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      oui oui encore un bouquin assez dingue !

      • Collectif Polar : chronique de nuit – Simple bibliothécaire férue de toutes les littératures policières et de l'imaginaire.

        Du Gilberti dans toute sa splendeur , alors ? 😉

        • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

          absolument !

  5. J’ai vraiment hâte de rencontrer Ghislain qui avait eu l’extrême gentillesse de venir me défendre lors du concours de nouvelles.
    Un mec profond, à fleur de peau et passionnant.

  6. Merci à vous pour toute l’attention portée à cette entrevue avec Yvan… Merci pour votre soutien et vos paroles encourageantes. Rendez-vous sur de nombreux salons de septembre à mars.

    • Yvan – Strasbourg – Les livres, je les dévore. Tout d’abord je les dévore des yeux en librairie, sur Babelio ou sur le net, Pour ensuite les dévorer page après page. Pour terminer par les re-dévorer des yeux en contemplant ma bibliothèque. Je suis un peu glouton. Qui suis-je : homme, 54 ans, Strasbourg, France

      Rendez-vous à Mulhouse en octobre

Laisser un commentaireAnnuler la réponse.

En savoir plus sur EmOtionS, blog littéraire

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading

%%footer%%